Void – licence professionnelle – Réaco – 2018

Dirigés par la compagnie Castafiore (Marcia Barcellos et Karl Biscuit) les étudiants danseurs (parcours Intermédia) et les étudiants techniciens du son (parcours NTS) ont formés neuf groupes de 5 étudiants pour répondre chacun à la demande initiale : composer une chorégraphie interactive et une musique à base de « drones » avec un dispositif technique imposé : cinq capteurs au sol et un détecteur de position des danseurs au plafond. Les danseurs ont été filmés sur fond vert et ont été incrustés en temps réel dans un environnement graphique créé également par les étudiants de la licence professionnelle TSI.

 

 

Son

La première ambiance sonore est composée de nappes d’orgue, d’harmoniques de guitare et de chuchotements. Quelques accords mineurs d’un synthétiseur sont maintenus en continu et avec de longues notes pendant tout le morceau. Ils apportent un côté assez sombre et glauque. Les chuchotements ajoutent un mystère, une incompréhension. Nous avons choisi un faux texte qui ressemblerait presque à du latin. Enfin, les notes longues de la guitare électrique apportent une légère touche de couleur, tout en restant assez énigmatiques. En effet, les notes sont différentes, leur durée également, ainsi que les silences entre celles-ci.

La deuxième ambiance sonore est composée de sons de bols tibétains, de mantras chamaniques, de sons synthétiques, de nappes de guitare électrique et d’un son de flûte traversière modifié. Nous avons enregistré une voix grave d’homme tenant de longues notes. La présence des sons des bols tibétains est irrégulière durant tout le morceau. Il y a également un bol qui a un son grave et l’autre aigu. Ici, l’ambiance est donc très hypnotique et assez oppressante.

La troisième ambiance sonore reprend plusieurs éléments de la deuxième. Nous avons fait un glitch sur les sons de la flûte traversière et de la guitare électrique. Ceux-ci sont donc

 

Interaction

Nous utilisons des capteurs pieds pour réaliser des déclenchements et une caméra zénitale pour faire évoluer la bande son de manière plus progressive. Les capteurs offrent la possibilité aux danseurs de mettre en place chacune de nos 3 ambiances au moment où ils le souhaitent, ce qui leur permet de calibrer leurs chorégraphies beaucoup plus librement et ainsi de mettre en place leurs modules de manière très simple. Les capteurs sont également utilisés pour déclencher des sons paterns. Ce procédé sera utilisé durant des phases d’improvisation : l’un des danseurs va improviser et l’autre va déclencher le son au moment voulu.

La caméra fera varier le panoramique de certaines nappes de son en fonction de la position des danseurs, ce qui rendra la musique beaucoup plus en phase avec eux et souligne le fait que ceux-ci sont totalement maîtres des variations. Un filtre fréquentiel est également appliqué, ce qui permet à la bande son de se voir modifiée dans ses entrailles par le seul déplacement des danseurs.

 

Danse

Nous avons décidé d’écrire la chorégraphie en modules, chacun avec une ambiance musicale définie au départ. Ainsi les danseurs peuvent contrôler la chorégraphie en changeant les modules chorégraphiques et musicaux en temps réel pendant l’œuvre grâce aux pads.

Pour la création de ces modules, il était fondamental d’imposer des contraintes très spécifiques à chacun d’eux, de façon à leur donner un caractère spécifique.

– Des contraintes de mouvement : des mouvements répétitifs, flottés, saccadés ou liés…

– La réaction à la proposition (musicale ou gestuelle), pour que le danseur puisse écrire en se basant sur la dynamique musicale ou gestuelle de la proposition.

– Un espace précis : les musiciens avaient aussi besoin de connaître le déplacement des danseurs dans l’œuvre pour pouvoir donner des idées graphiques et/ou musicales. Pour cela, chaque module doit toujours avoir un espace et une direction précise dans ses mouvements. Nous avons utilisé des gestes sur place ou des lignes droites à l’horizontale, à la verticale et aussi à la diagonale

– La technique du contrepoids (quand un danseur donne une partie de son poids corporel à un autre danseur) a été utilisée dans certains modules pour enrichir le côté visuel et esthétique du projet.

– La reproduction d’improvisation : Il s’agit de filmer une séance d’improvisation sur une contrainte et de définir ce qui a été fait comme la chorégraphie écrite, c’est-à-dire, de reproduire l’improvisation telle qu’elle a été exécutée.

 

Image

La partie visuelle a beaucoup évoluée tout au long du projet, en raison de la prise en compte des différentes contraintes. Nous nous sommes finalement tournés vers une texture animée en vidéo. Nous incrustons les danseurs sur un fond en simulant un espace 3d. Nous avons choisi de travailler en noir et blanc et de faire ressortir les danseurs par leurs vêtements. Après plusieurs essais de textures, nous avons finalement choisi de déformer de la fumée et de l’encre afin de créer quelque chose en forme de volutes. Puis nous avons créé un sol et animé le fond afin qu’il tourne lentement. L’idée est de créer une animation mais qu’elle ne soit pas omniprésente pour ne pas gêner le travail des danseurs.